La
magie et la science des talismans
Ces sciences consistent en la
connaissance de la manière dont on fait certains préparatifs au moyen desquels
l’âme humaine acquiert le pouvoir d’exercer des influences sur le monde des
éléments, soit directement, soit à l’aide de choses célestes. Cela s’appelle,
dans le premier cas, magie ; et
dans le second, science talismanique. Comme
ces genres de connaissances ont été condamnés par les lois des divers peuples à
cause du mal qu’ils produisent et de la condition imposée à ceux qui les
cultivent de diriger leur esprit vers un astre ou quelque autre objet plutôt
que vers Dieu, les ouvrages qui en traitent sont extrêmement rares. Ce qui
reste de ces sciences ne se trouve que dans les livres composés par les
Nabatéens, les Chaldéens et autres peuples qui existaient avant la mission du
prophète Moïse ; car les prophètes qui parurent avant lui ne promulguèrent
pas de lois et n’apportèrent pas aux hommes des maximes de droit ; ils se
bornèrent, dans leurs écrits, à faire des exhortations, à enseigner l’unité de
Dieu et à parler du paradis et de l’enfer.
La magie et la talismanique existèrent
chez les Assyriens et les Chaldéens qui habitèrent Babel, et chez les Coptes de
l’Égypte. Ces peuples et d’autres encore possédaient des ouvrages qui en
traitaient et laissèrent des monuments (qui s’y rapportent), mais un très petit
nombre seulement de leurs écrits a été traduit (en arabe). Nous n’en possédons
que le livre de l’Agriculture nabatéenne, rédigé par Ibn
Ouahchiya d’après des traités composés par les gens de Babel [1].
Ce fut p.172
*125 à cette source qu’on puisa la connaissance de ces arts, et ce fut
là qu’on les suivit dans leurs diverses ramifications. Plus tard on composa
des ouvrages, sur cette matière, tels que les Volumes des sept astres, les livres de Tomtom
l’Indien sur les Figures des degrés et
des astres, etc. Ensuite parut en Orient Djaber Ibn Haïyan, le plus savant
musulman qui ait étudié la magie. Il feuilleta les écrits composés par les
gens du métier, obtint la connaissance de leur art, et, l’ayant bien
approfondi, en tira la partie essentielle. On a de lui plusieurs ouvrages,
dans lesquels il s’étend longuement sur la magie et même sur l’alchimie, parce
que cet art est une branche de la magie. En effet, les corps dont se composent
les espèces ne se laissent transmuer d’une forme en une autre que par des
puissances psychiques ; l’art
pratique n’y sert de rien. L’alchimie est donc une branche de la magie, ainsi
que nous le ferons voir encore dans un chapitre spécial.
Après Djaber Ibn Haïyan parut Maslema Ibn
Ahmed el‑Madjrîti (de Madrid), le plus grand maître, en fait de mathématiques
et d’opérations magiques, qui ait existé chez les musulmans espagnols. Il
résuma le contenu de tous ces livres, en rédigea les principes dans un ordre
systématique et réunit ensemble les divers procédés qu’ils renferment. De cette
manière il forma le volume qu’il intitula Ghaïat el-Hakîm [2]. Personne après lui n’a écrit sur ces
matières.
p.173 Je dois maintenant soumettre au lecteur
quelques observations préliminaires, afin qu’il comprenne la véritable nature
de la magie. p.174
Les âmes humaines, bien qu’elles forment une unité quant à l’espèce, se
distinguent les unes des autres par leurs qualités individuelles. On peut donc
les classer par catégories ayant chacune son caractère spécial et devant à une
organisation naturelle et primitive les qualités qui la distinguent. Dans la
classe des prophètes, les âmes ont la faculté de pouvoir [se dégager de la
spiritualité humaine [3],
afin d’entrer dans la spiritualité angélique et de devenir ange pendant
l’instant passager que dure cet état de dégagement. Voilà en quoi consiste la
révélation, ainsi que nous l’avons indiqué en son lieu [4].
L’âme qui se
*126 trouve dans cet état possède la faculté de] participer aux connaissances
propres à Dieu [5],
de converser avec les anges, et d’obtenir, par une conséquence nécessaire, le
pouvoir d’exercer une certaine influence sur les êtres créés. Chez les
magiciens, l’âme a pour caractère distinctif la faculté d’influer sur ces êtres
et d’attirer en bas la spiritualité des astres afin de s’en servir pour l’accomplissement
de ses desseins. Cette influence s’exerce soit par une puissance appartenant à
l’âme [6],
soit par une puissance satanique : tandis que, chez les prophètes, elle
dérive du Seigneur et se distingue par son caractère divin. Quant aux gens qui
pratiquent la divination, leurs âmes ont, de même, un caractère spécial, celui
de connaître les choses du monde invisible au moyen d’une puissance satanique.
Ainsi chacune de ces classes a sa marque distinctive.
Les âmes de ceux qui pratiquent la magie
peuvent se ranger en trois classes : la première comprend celles qui
exercent une p.175
influence par la seule application de la pensée, sans avoir recours à
aucun instrument ni à aucun secours (extérieur). C’est là ce que les
philosophes désignent par le terme magie. Les âmes de la seconde classe
agissent au moyen des secours qu’elles tirent du tempérament des sphères
célestes et des éléments, ou bien au moyen des propriétés des nombres ;
cela s’appelle l’art talismanique ; il
occupe un degré inférieur à celui de la magie. Les âmes de la troisième classe
exercent une influence sur les facultés de l’imagination : l’homme qui
possède ce talent s’adresse à l’imagination du spectateur, et, agissant sur
elle jusqu’à un certain point, lui fournit des idées fantastiques, des images
et des formes ayant toutes quelque rapport avec le projet qu’il a en vue.
Ensuite il fait descendre ces notions de l’imagination aux organes des sens, et
cela au moyen de l’influence que son âme exerce sur ces (organes). Le résultat
en est que les spectateurs voient ces formes paraître en dehors d’eux, bien
qu’elles n’y soient pas. On raconte qu’un magicien faisait paraître des
jardins, des ruisseaux et des kiosques dans un endroit où il n’en existait pas.
Les philosophes désignent cette branche de l’art par les noms de prestige et de
fantasmagorie.
Les qualités distinctives que nous venons
d’énumérer existent virtuellement chez les magiciens, de même que toute
faculté humaine existe virtuellement dans chaque homme ; mais, pour les
mettre *127 en
activité, il faut avoir recours à des exercices préparatoires. Dans la magie,
ces exercices [7]
se bornent à diriger la pensée vers les sphères, les astres, les mondes
supérieurs et les démons, en leur donnant diverses marques de vénération,
d’adoration, de soumission et d’humiliation. Cette direction de l’esprit vers
un objet qui n’est pas Dieu, ces marques d’adoration qu’on donne à cet objet,
sont des actes d’infidélité. Pratiquer la magie est donc un acte d’infidélité,
car l’infidélité est une des matières, un des moyens que cet art met en œuvre.
p.176 D’après ce que nous venons d’exposer on
comprendra une question que les casuistes ont souvent agitée : « La
peine de mort infligée à un magicien est‑elle la conséquence de l’infidélité
qui précède l’acte de magie, ou bien de la conduite perverse qu’il a tenue et
du mal qui en est résulté pour les êtres ? » Car le magicien commet
également ces deux crimes. Une autre question a suscité une diversité
d’opinions chez les casuistes, savoir, la réalité de la magie. On sait que cet
art, tel que les personnes des deux premières classes l’exercent, a une
existence réelle et extrinsèque, tandis que celle de la troisième classe est
sans réalité. Or quelques docteurs, ayant regardé aux deux premières classes
seulement, ont admis la réalité de la magie ; d’autres, n’ayant observé
que la troisième classe, ont été d’avis que cet art n’était qu’une illusion.
Dans le fond, ils avaient tous raison, puisque la différence de leurs opinions
provenait d’un [8]
malentendu ; ils n’avaient pas bien reconnu les caractères distinctifs de
chaque classe.
Nous assurons le lecteur que les hommes
les plus intelligents n’ont jamais eu le moindre doute relativement à
l’existence de la magie. Ils ont remarqué les effets qu’elle produit et que
nous avons indiqués. D’ailleurs, il en est question dans le Coran (sour. II,
vers. 96), où Dieu parle en ces termes : Mais les démons furent infidèles : ils enseignèrent aux hommes
la magie et ce qui avait été révélé aux deux anges de Babel, Harout et Marout.
Ceux‑ci n’instruisent personne sans dire : « Certes, nous sommes ici
pour te tenter ; ne sois donc pas infidèle. » On apprend d’eux les moyens de mettre la
désunion entre
*128 la femme et son mari, mais ils sont
incapables de nuire à personne sans la permission de Dieu. Nous lisons aussi dans le Sahîh que le Prophète avait été
ensorcelé au point de s’imaginer qu’il faisait ce qu’en réalité il ne faisait
pas. Pour le fasciner ainsi on avait mis un charme dans un peigne, dans un
flocon de laine et dans une spathe de dattier, et on l’avait caché dans le
puits de Derouan (à Médine). Dieu envoya alors au Prophète les deux sourates préservatrices (la CXIIIe et la CXIVe), p.177 avec le verset : Et contre la méchanceté des (sorcières) qui soufflent sur des nœuds.
— « Il prononça cette
formule, dit Aïcha, sur chacun des nœuds qui avaient servi à l’ensorceler, et
chaque nœud se défit aussitôt de lui-même. »
La pratique de la magie était très
répandue chez les Chaldéens de la race nabatéenne et chez les Assyriens,
peuples qui formaient la population de Babel. Le Coran en parle souvent, ainsi
que l’histoire. Lors de la mission de Moïse, la magie jouissait d’un grand
crédit à Babel et en Égypte ; aussi les miracles opérés par ce prophète
étaient-ils du même genre que ceux dont les magiciens s’attribuaient la faculté
et dont ils s’occupaient à l’envi. Les Berbi
(anciens temples) de la haute Égypte offrent encore des traces de cet art
et fournissent de nombreux témoignages de son existence. Nous avons vu, de nos
propres yeux, un de ces individus fabriquer l’image d’une personne qu’il
voulait ensorceler. (Ces images se composent) de choses dont les qualités ont
un certain rapport avec les intentions et les projets de l’opérateur et qui
représentent symboliquement, et dans le but d’unir et de désunir, les noms et
les qualités de celui qui doit être sa victime. Le magicien prononce ensuite
quelques paroles sur l’image qu’il vient de poser (devant lui), et qui offre la
représentation réelle ou symbolique de la personne qu’il veut ensorceler ;
puis il souffle et lance hors de sa bouche une portion de salive qui s’y était
ramassée et fait vibrer en même temps les organes qui servent à énoncer les
lettres de cette formule malfaisante ; alors il tend au‑dessus de cette
image symbolique [9]
une corde qu’il a apprêtée pour cet objet, et y met un nœud, pour
signifier [10]
(qu’il agit avec) résolution et persistance, qu’il fait un pacte avec le démon
qui était son associé dans *129 l’opération, au moment où il crachait, et pour montrer
qu’il agit avec l’intention bien arrêtée de consolider le charme. A ces
procédés [11]
p.178 et
à ces paroles malfaisantes est attaché un mauvais esprit qui, enveloppé de
salive, sort de la bouche de l’opérateur. Plusieurs mauvais esprits en
descendent alors, et le résultat en est que le magicien fait tomber sur sa
victime le mal qu’il lui souhaite [12].
Nous avons vu une personne qui pratiquait
la magie, et qui n’avait qu’à diriger son doigt vers un habit ou une peau et
marmotter quelques paroles, pour que cet objet se déchirât en morceaux. S’il
faisait le même signe à des moutons dans un champ, leurs ventres crevaient à
l’instant et les intestins tombaient par terre. On m’a raconté qu’il y a
maintenant dans l’Inde des gens qui n’ont qu’à désigner un homme avec le doigt
pour lui enlever le cœur ; cet homme tombe mort, on ouvre le corps pour y
chercher le cœur ; mais il a disparu. Ils font le même geste en regardant
une grenade ; on ouvre ensuite le fruit et l’on n’y trouve pas un seul
grain. Nous avons entendu dire aussi que, dans le pays des Noirs et dans celui
des Turcs, il y a des enchanteurs qui obligent les nuages à verser leurs pluies
sur tel endroit qu’on veut.
Disons encore que la pratique de l’art
talismanique nous a fait reconnaître les vertus merveilleuses des nombres amiables [13] (ou sympathiques). Ces nombres sont ﻚﺭ et ﺪﻓﺮ , dont le premier est deux cent vingt et le second deux cent quatre‑vingt‑quatre [14]. On les nomme amiables parce que les parties aliquotes de l’un, c’est‑à‑dire la
moitié, le quart, le sixième, le cinquième, etc. étant additionnées, donnent
une somme égale à l’autre nombre [15].
Les personnes qui s’occupent des talismans p.179 assurent que ces nombres ont une influence
(particulière, celle) d’établir une union et une amitié étroite entre deux
individus. Pour cela, on dresse un thème pour chaque individu, l’un sous
l’ascendant de
*130 Vénus, pendant que cette planète est dans sa maison [16]
ou dans son exaltation [17] et qu’elle présente à la lune un aspect
d’amour et de bienveillance. Dans le second thème, l’ascendant doit être dans
le septième (de l’ascendant) du
premier individu [18].
Sur chacun de ces thèmes on inscrit un des nombres déjà indiqués, mais en
attribuant le nombre le plus fort [19]
à la personne dont on cherche à gagner l’amitié, c’est-à‑dire à l’objet aimé.
Je ne sais si, par le nombre le plus fort
on veut désigner celui qui énonce la plus grande quantité ou celui qui renferme
le plus de parties (aliquotes). Il en résultera une liaison si étroite entre
les deux personnes qu’on ne saurait les détacher l’une de l’autre. L’auteur du
Ghaïa et autres grands maîtres en cet art déclarent que cela [20]
s’est vu confirmer par l’expérience.
Le sceau du lion, autrement appelé le sceau
du caillou, produit le même effet. Pour le fabriquer, on dessine sur un
moule (ou coin fait avec) du hind asbâ [21] la figure d’un lion qui dresse la queue et
qui mord sur un caillou de manière à le casser en deux morceaux ; un
serpent glisse d’entre ses jambes de devant et se retourne, la gueule béante,
vers la bouche du lion ; sur le dos du quadrupède on met la p.180 figure
d’un scorpion qui rampe. Pour fabriquer ce talisman, on attend que le soleil
soit entré dans la première ou dans la troisième face [22] du (signe du) Lion, et que les deux
grands luminaires se trouvent en bonne disposition et soient dépourvus de toute
influence sinistre. Quand le moment favorable se présente, on frappe (avec ce
coin) un (flan d’)or gros comme un mithcal [23]
ou même d’une moindre dimension ; on plonge (ensuite cette pièce) dans de
l’eau de rose saturée avec du safran, (puis) on (la) retire (après l’avoir
enveloppée) dans un chiffon de soie jaune. Selon les gens du métier, celui qui
tient [24]
ce talisman (dans la main) acquiert sur l’esprit du prince qu’il sert une
influence sans bornes, s’empare de son affection et l’assujettit à sa
volonté ; les princes acquièrent, par le même moyen, une influence énorme
sur leurs sujets. Il est fait mention de ce talisman dans le *131 Ghaïa et dans d’autres ouvrages qui traitent
de ces matières. L’exactitude du fait est, du reste, constatée par
l’expérience.
Il en est de même de l’amulette [25] sextuple qui se rapporte spécialement
au soleil. Voici ce qu’en disent les maîtres de l’art talismanique :
« On le dresse au moment où le soleil, arrivé dans son exaltation [26], est dépourvu de toute influence
nuisible, et que la lune, dépourvue aussi de toute mauvaise influence, est dans
un ascendant royal, où l’on remarque
que le seigneur du dixième [27] regarde le seigneur de l’ascendant avec
un aspect d’amour et de bienveillance. (C’est le moment) où les p.181 nobles indications, celles qui
concernent les nativités royales, sont exactes. Qu’il (l’amulette) soit plongé
dans de l’eau parfumée et enlevé dans un chiffon de soie jaune. » —
« Cet amulette, disent‑ils, influe sur les courtisans d’un souverain, sur
ses serviteurs et sur ceux qui ont des rapports avec lui. »
Il y a beaucoup d’autres charmes de ce
genre. Le Kitab el‑Ghaïa de Maslema Ibn
Ahmed el‑Madjrîti en offre le recueil le plus complet : il indique les
amulettes de toutes les espèces et discute les divers problèmes qui s’y
rattachent. Nous avons entendu dire que l’imam Fakhr ed‑Dîn Ibn el‑Khatîb
composa, sur ce sujet, un ouvrage qu’il intitula Es‑Sirr el‑Mektoum (le secret caché). Ce volume, que nous n’avons
jamais pu rencontrer, est, dit‑on, d’un emploi général en Orient, chez les gens
qui s’occupent de talismans. On croit que l’imam n’était pas très habile dans
cet art, mais il est possible qu’on se trompe.
On trouve dans le Maghreb une classe de
gens qui se livrent aux pratiques de la magie et que l’on désigne par le nom de
baadjîn (creveurs). Nous avons déjà
mentionné que, pour déchirer un habit ou une peau, ils n’ont qu’à les désigner
avec le doigt. Ils crèvent de la même manière le ventre des moutons. Il y a, de
nos jours, un de ces hommes ; on l’appelle El‑Baadj, parce qu’il emploie ordinairement la magie dans le but de
tuer le bétail. Il cherche ainsi à se faire craindre, afin d’obtenir des
propriétaires une part du produit de leurs troupeaux. Ceux qui lui font des
cadeaux se gardent bien d’en parler pour ne pas encourir la sévérité du
magistrat. J’ai rencontré plusieurs de *132 ces sorciers ; j’ai été
témoin de leurs méfaits et je tiens d’eux‑mêmes qu’ils donnent à leur pensée
une direction particulière et se livrent à des exercices d’un genre
spécial [28],
tels que des invocations impies et des tentatives pour associera leur œuvre la
spiritualité des génies et des astres. Ils étudient un livre qui traite de leur
métier et qui porte le titre d’El‑Khanzeriya (porcinarium) [29]. Au moyen de ces exercices p.182 et de la
direction qu’ils donnent à leur pensée, ils parviennent à faire les actes dont
nous venons de parler. Leur pouvoir ne s’étend pas sur l’homme libre, mais il
atteint les effets mobiliers, les bestiaux et les esclaves. Ils désignent ces
objets par l’expression les choses pour
lesquelles l’argent a cours, c’est‑à‑dire les diverses espèces de
propriétés qui peuvent se vendre et s’acheter. Je tiens ces renseignements de
quelques‑uns de ceux que j’ai interrogés. Leurs actes sont manifestes et
réels ; en ayant vu un grand nombre, je ne conserve pas le moindre doute à
cet égard. Voilà pour ce qui regarde la magie, les talismans et leur influence
sur les choses de ce monde.
Les philosophes distinguent la magie de
l’art talismanique, tout en affirmant que (les effets de l’un et de l’autre)
sont également des impressions produites par l’âme humaine. Pour démontrer que
la faculté de faire ces impressions existe dans les âmes, ils font observer que
l’âme agit d’une manière surnaturelle, et sans l’emploi d’aucun moyen matériel,
sur le corps qui la renferme. « Et de plus, disent-ils, la nature de ces
impressions dépend de l’état de l’âme ; tantôt, c’est la chaleur qui se
produit dans le corps par suite d’un accès de joie et de gaieté ; tantôt,
c’est la formation de certaines pensées dans l’esprit, ainsi que cela arrive
par l’opération de la faculté qui forme des opinions. Ainsi l’homme qui se
promène sur le haut d’un mur ou d’une montagne escarpée tombera bien
certainement si l’opinion que ce malheur va lui arriver prend chez lui une
certaine force. Aussi voyons‑nous beaucoup de gens se livrer à des exercices
périlleux, *133
afin de s’habituer au danger et de se garantir contre l’influence de
l’imagination. On les voit marcher sur le haut d’un mur ou sur le bord d’un
précipice sans crainte de tomber. Il y a donc là une impression faite par l’âme
qui, en subissant l’influence de la faculté qui forme les opinions, s’est
figuré l’idée de tomber. Or, puisque l’âme peut agir de cette manière sur le
corps auquel elle est jointe, et cela sans employer des moyens matériels et
naturels, il est permis de croire p.183 qu’elle exerce une influence semblable sur
d’autres corps que le sien. En effet, le rapport de l’âme à tous les corps, en
ce qui regarde ce genre d’impression, est un et le même [30],
car elle n’est pas fixée et scellée dans son propre corps (de manière à ne pas
s’en détacher). Donc elle peut agir sur les autres corps. »
Voici, selon les philosophes, comment la
magie se distingue de l’art talismanique : le magicien n’a pas besoin,
dans ses opérations, d’un secours (extérieur), tandis que le talismaniste est
obligé de se faire aider par les spiritualités des astres, les vertus occultes
des nombres, les qualités essentielles des êtres et les positions de la sphère
céleste, qui, selon les astrologues, exercent des influences sur le monde des
éléments. « Dans la magie, disent‑ils encore, c’est un esprit qui s’unit
à un autre, et dans l’art talismanique, c’est un esprit qui s’unit à un
corps. » Par ces mots, ils donnent à entendre que les natures supérieures
et célestes se lient avec les natures inférieures. Les natures supérieures, ce
sont les spiritualités des astres ; aussi, les personnes qui composent des
talismans ont‑elles ordinairement recours aux pratiques de l’astrologie.
Les mêmes philosophes enseignent que
l’art de la magie ne s’acquiert pas ; au contraire, disent‑ils, le
magicien est créé avec une disposition spéciale pour l’exercice de ce genre
d’influence. « Voici, ajoutent‑ils, comment un miracle opéré par un
prophète peut se distinguer d’un effet de magie : chez le prophète, la
puissance divine excite dans *134 l’âme la faculté de faire (sur les êtres)
une impression miraculeuse ; il est donc aidé, dans cette opération, par
l’esprit de Dieu. Le magicien, au contraire, agit de lui-même, par la
puissance de sa propre âme, et, dans certains cas, avec le secours des démons.
Il y a donc entre ces deux (classes d’hommes) une différence intelligible,
réelle et essentielle.
De notre côté, nous indiquerons comment
on peut distinguer entre un prophète et un magicien au moyen de signes
extérieurs. Un miracle ne peut s’opérer que par un homme de bien et dans une
bonne p.184 intention ;
il ne peut procéder que d’une âme prédisposée à la vertu et doit être annoncé
d’avance par le prophète comme preuve de sa mission. Quant à la magie, elle ne
s’exerce que, par des hommes méchants, des âmes portées naturellement vers le
mal [31],
et elle produit ordinairement des effets nuisibles, comme, par exemple, la
désunion mise entre deux époux ou le préjudice porté à ceux dont on est
l’ennemi. Voilà, selon les philosophes théologiens, comment le miracle se distingue
de l’acte de magie [32].
On trouve quelquefois chez les Soufis qui
opèrent des prodiges par la faveur de Dieu, la faculté d’exercer une influence
sur les choses de ce monde, influence qu’il ne faut pas confondre avec la
magie. Elle se manifeste avec le concours de la divinité, vu que la profession
et la voie (ou pratique) du soufisme est un reste et une suite du prophétisme.
Dieu accorde aux Soufis un abondant secours ; il les aide selon la hauteur
qu’ils ont atteinte dans la vie mystique, selon l’intensité de leur foi et leur
attachement à la parole divine [33].
Si quelqu’un d’entre eux avait le pouvoir de mal faire, il ne l’exercerait
pas : soit qu’il agisse, soit qu’il s’abstienne, il est lié par l’ordre de
Dieu. Le Soufi ne fait jamais rien sans en avoir reçu l’autorisation ;
s’il agissait autrement, il s’écarterait du sentier de la vérité et, décherrait
très probablement du degré de spiritualisme auquel il était parvenu.
Puisque tout miracle s’opère avec le
secours de l’esprit de Dieu et au moyen des influences divines, aucun effet de
magie ne peut
*135 lui résister. Voyez, par exemple, ce qui arriva aux magiciens de
Pharaon dans leur lutte avec Moïse : Son bâton avala ce qu’ils avaient contrefait. (Coran, sour. VII, vers. 114). Leur magie disparut, anéantie comme
si elle n’avait jamais existé. Pensez aussi au [34]
verset que le Prophète reçut de Dieu avec les deux sourates
préservatrices [35] :
Et p.185
(délivre‑nous) de la méchanceté des (sorcières) qui soufflent sur des nœuds.
— « Il récita cette formule, dit Aïcha, sur chacun des nœuds qui
avaient servi à l’ensorceler, et chaque nœud se défit de lui-même. » La
magie ne tient pas devant le nom de Dieu, pourvu qu’on l’invoque avec une foi
sincère.
Les historiens racontent que, sur le Direfch Kavian [36], ou oriflamme de Chosroès (roi de
Perse), on voyait l’amulette centuple
formé de nombres [37]. On y avait brodé ce symbole sous
certains ascendants de la sphère céleste, ascendants dont on avait attendu
l’apparition avant de commencer le travail. Lors de la déroute totale de
l’armée persane à Cadéciya et la mort de Rostem sur le champ de bataille, on
trouva l’étendard, qui était tombé par terre. Selon les personnes qui s’occupent
de talismans et d’amulettes, cette figure avait pour but d’assurer la victoire
à l’étendard qui la porterait ou qui serait auprès d’elle ; jamais cet
étendard ne devait reculer. Cette fois‑ci, il rencontra un obstacle dans la
puissance divine, dans la foi qui animait les anciens Compagnons du Prophète et
dans leur attachement à la parole de Dieu. Par cette parole, chaque nœud de la
magie fut brisé et ce qu’on avait opéré
demeura anéanti. (Coran, sour.
VII, vers. 115.)
La loi divine ne fait aucune distinction
entre la magie, l’art talismanique et celui des prestiges ; elle les
range tous dans la catégorie des choses défendues. Le législateur autorise tout
ce qui dirige nos pensées vers la religion, parce qu’elle nous assure le
bonheur dans l’autre vie ; il permet les actes qui, en nous procurant la
nourriture, p.186
assurent notre bien‑être en ce monde. Quant aux actes qui ne nous
regardent pas sous ces deux rapports, ils peuvent se classer ainsi *136 ceux qui
sont plus ou moins nuisibles, la magie, par exemple, qui produit réellement le
mal ; l’art des talismans, dont les effets sont identiques avec ceux de la
magie ; et l’astrologie, art dangereux par son caractère parce qu’il
enseigne à croire aux influences (des astres) et porte atteinte aux dogmes de
la foi en attribuant les événements (de ce monde) à un autre que Dieu. Toutes
ces pratiques sont condamnées par la loi à cause de leur affinité avec le mal.
Quant aux actes qui ne nous intéressent pas et qui ne renferment rien de mal,
l’homme qui s’en abstient ne s’éloigne pas de la faveur divine : le
meilleur témoignage qu’on puisse donner de sa soumission à la volonté de Dieu,
c’est de s’abstenir des actes qu’on n’a aucun intérêt à accomplir. La loi a
donc rangé la magie, les talismans et les prestiges dans une seule catégorie, à
cause du mal qui leur est inhérent ; elle les a spécialement défendus et
condamnés.
A la manière dont les philosophes
prétendent distinguer entre un miracle et un effet de magie, on peut opposer
celle des théologiens scolastiques : « Voyez, disent‑ils, s’il y a un
tahaddi », c’est‑à‑dire une déclaration préalable de l’arrivée
d’un miracle conforme à ce qu’on annonce [38].
Ils enseignent aussi l’impossibilité d’un miracle qui viendrait confirmer un
mensonge : « La simple raison, disent‑ils, nous indique que la
qualité essentielle d’un miracle, c’est de confirmer une vérité ; si un
miracle avait lieu pour appuyer un mensonge, le (prophète) véridique serait
changé en menteur ; ce qui est absurde. Il faut donc admettre, comme un
principe absolu, qu’un miracle ne peut jamais s’opérer pour accréditer un
mensonge. »
Nous avons déjà mentionné que les
philosophes (musulmans) mettent entre les miracles et les effets de la magie
la même distance qui sépare les deux extrêmes du bien et du mal. Le magicien
est donc incapable de produire le bien ou d’employer son art dans une bonne p.187 intention ;
celui, au contraire, qui fait des miracles n’a pas le pouvoir d’opérer le mal,
ni de faire usage des moyens qui puissent le causer. Donc les prophètes et les
magiciens se trouvent placés, par leur caractère inné, à deux extrémités
opposées, dont l’une est le bien et l’autre le mal.
(Section.) *137 Les effets produits par
le mauvais œil se rangent parmi les impressions qui résultent de l’influence de
l’âme. Ils procèdent de l’âme de l’individu doué de la faculté du mauvais œil
et ont lieu quand il voit une qualité ou un objet dont l’aspect lui fait
plaisir. Son admiration devient si forte qu’elle fait naître chez lui un
sentiment d’envie joint au désir d’enlever cette qualité ou cet objet à celui
qui le possède. Alors paraissent les effets pernicieux de cette faculté, c’est‑à‑dire
du mauvais œil, faculté innée, qui tient à l’organisation de l’individu. Ces
effets diffèrent de tous les autres qui se produisent par l’influence de
l’âme : ils dérivent d’une faculté innée qui ne reste pas inerte, qui
n’obéit pas à la volonté de celui qui la possède, et qui ne s’acquiert pas. Les
autres impressions produites par l’âme dépendent de la volonté de celui qui les
opère, bien qu’elles procèdent d’une faculté non acquise (c’est‑à‑dire innée).
La disposition innée (de l’individu) est (donc) capable de produire certaines
impressions, mais elle n’est pas (toujours) la puissance qui les effectue.
Voilà pourquoi l’homme dont le mauvais œil a causé la mort de quelqu’un
n’encourt pas la peine capitale, tandis que celui qui ôte la vie à son
semblable par l’emploi de la magie ou des talismans [39]
est condamné au dernier supplice. En effet, un malheur causé par le mauvais œil
ne provient pas de l’intention de l’individu, ni de sa volonté, ni même de sa
négligence ; cet homme est formé par la nature [40]
de manière que ces impressions procèdent de lui (sans le concours de sa
volonté). Au reste, Dieu le Très Haut en sait plus que nous.
[1]
Voy. ci-devant, p. 165.
[2]
Ibn Khaldoun attribue encore à Maslema Ibn Ahmed le traité
d’alchimie qui a pour titre Retbat
el-Hakîm. J’avais cru cependant reconnaître d’une manière positive que
l’auteur du Retba n’était pas celui
du Ghaïa, et, dans la première partie
de cette traduction, page 217, note 4, je les avais signalés comme deux
personnages différents. En rédigeant la note que je viens d’indiquer, je
m’étais appuyé sur un renseignement fourni par le texte même du Retba, manuscrit arabe de la Bibliothèque
impériale, supplément n° 1078. Dans la préface de ce traité, fol. 7 v°, j’avais
lu ces paroles :
« et je m’étais mis à
rassembler les matériaux de cet ouvrage au commencement de l’année quatre cent trente‑neuf de l’ère des
Arabes. » Ces nombres y sont écrits en toutes lettres. Or, comme Djemal ed‑Dîn
el‑Kifti, l’auteur du Tabekat el‑Hokema, appelle
l’auteur du Ghaïa Maslema, fils de Mohammed, et place sa mort en l’an 398,
et comme Haddji Khalifa nous dit qu’il mourut en 395, il m’avait semblé impossible
de reconnaître l’auteur du Ghaïa et
celui du Retba pour le même individu.
J’avais donc admis l’existence de deux personnes portant le même nom,
originaires toutes les deux de Madrid, natives de Cordoue, et s’occupant des
mêmes études. Je me trouvais obligé à regarder comme vraie une circonstance
aussi peu probable, parce que, d’après les sources que j’avais consultées,
l’un de ces savants mourut vers la fin du IVe siècle de l’hégire, et que l’autre florissait
vers le milieu du siècle suivant. La déclaration si nette d’Ibn Khaldoun
m’ayant ensuite amené à examiner cette question de nouveau, je trouvai, dans la
Bibliotheca ar. hist. de Casiri, que
l’exemplaire du Retba conservé dans
la bibliothèque de l’Escurial offrait la date 339. Un second manuscrit du Retba, appartenant à la Bibliothèque
impériale, ancien fonds arabe n° 973, confirme cette leçon : le passage
déjà cité se trouve au fol. 4 v° de ce volume ; la date y est écrite en
toutes lettres, mais, à la place du mot ﺔﻳﺎﻣﻌﺒﺮﺍ quatre cents, on lit ﺔﻴﺎﻣﺜﻠﺜ
trois cents. Ce chiffre fait disparaître toutes les difficultés que j’ai
signalées ; il est évidemment la bonne leçon, et montre qu’Ibn Khaldoun
ne s’est pas trompé en déclarant que l’auteur du Retba est le même que celui du Ghaïa.
Maslema fut un savant d’un grand mérite, si nous devons en croire les
renseignements fournis par Ibn Abi Osaïbiya, l’auteur de l’Histoire
des médecins. Nous lisons dans cet ouvrage :
« Abou ’l-Cacem Maslema,
fils d’Ahmed, surnommé El‑Madjrîti (originaire
de Madrid) et natif de Cordoue, vivait sous le règne d’El‑Hakem (el‑Mostancer,
neuvième souverain omeïade d’Espagne, mort l’an 366 (976 de J. C.) Le cadi
Saêd (ﺪﻋﺎﺻ , mort l’an 417 de l’hégire, 1026‑7 de J. C.) parle de lui dans son
ouvrage intitulé : ﻢﻣﻻﺍ ﺕﺎﻘﺒﻂ ﻰﻓ ﻒﻳﺮﻌﺘﻠﺍ ﺐﺎﺗﻜ (Notices des divers peuples). « A
cette époque, dit‑il, Maslema fut le premier mathématicien de l’Espagne. Il
surpassa tous ses prédécesseurs en la connaissance des sphères célestes et des
mouvements des astres. Il s’occupa avec soin à observer les étoiles et mit
beaucoup de zèle à expliquer le livre de Ptolémée intitulé El-Medjesti (l’Almageste). Il a laissé
un bon ouvrage sur cette partie de l’arithmétique que l’on désigne chez nous
par le terme ﺕﻼﻤﺎﻌﻣ (moâmelat, c’est‑à
dire transactions commerciales et autres). On lui doit aussi un abrégé du traité
intitulé ﺐﻜﺍﻭﻜﻠﺍ ﻝﻳﺪﻌﺗ (rectification des
étoiles) et faisant partie du Zidj
(collection de tables astronomiques) composé par El‑Bettani (Albategnius).
Il s’occupa aussi du Zîdj de Mohammed
Ibn Mouça el‑Kharizmi, et réduisit à l’ère des Arabes les dates de l’ère
persane, employée dans cet ouvrage. Il (y) indiqua les positions moyennes des
astres, à partir du commencement de l’ère de l’hégire, et y ajouta de bonnes
tables ; mais il adopta les erreurs de cet astronome et ne songea pas à
les signaler. C’est là une tâche que j’ai remplie dans mon traité intitulé
ﺐﻜﺍﻭﻜﻠﺍ ﺕﺎﻜﺮﺣ ﺡﻼﺻﺍ (Correction
des mouvements des étoiles) en
faisant connaître les erreurs qui ont été commises par les observateurs. »
Maslema mourut l’an 398 (1007‑8 de J. C.), avant le commencement des troubles
(qui amenèrent la chute des Omeïades espagnols.). Il forma un grand nombre
d’élèves ; jusqu’alors l’Espagne n’avait pas produit de savants aussi
distingués. Parmi les plus marquants, nous pouvons indiquer Ibn es‑Semh (mort à
Grenade l’an 420, 1029 de J. C.), Ibn es‑Saffar, Ez‑Zehraouï
(Abou ’l-Hakem), El-Kermani et Ibn Khaldoun Abou Moslem
Omar. » (Ms. arabe de la Bibliothèque impériale, suppl. n° 673, fol.
183 v°.) El‑Kifti n’a fait que copier Ibn Abi Osaïbiâ, et, chose remarquable,
ni l’un ni l’autre ne parle des ouvrages composés par Maslema sur la magie et
sur l’alchimie.
[3]
Le passage mis entre parenthèses manque dans l’édition de Boulac et dans les
manuscrits C et D.
[4]
Voy. la 1e partie, p. 202.
[5]
Littéral. « aux connaissances seigneuriales (rabbâniya) » ; ce qui paraît signifier : aux
connaissances du degré le plus élevé.
[6]
Littéral. « psychique ».
[7]
Pour ﻪﺗﺿﺎﻴﺮﻮ , lisez ﺔﺿﺎﻴﺮﻮ avec les
manuscrits C et D et l’édition de Boulac.
[8]
Je lis ﻝَﺑِﻗ ﻥﻣ avec les manuscrits C et D et l’édition de Boulac.
[9]
Les manuscrits C et D et l’édition de Boulac portent ﻰﻨﻌﻤﻠﺍ , à la place de ﻥﻴﻌﻤﻠﺍ
. Cette dernière leçon me paraît inadmissible.
[10]
Littéral. « présageant ».
[11]
Littéral. « à cet édifice ». Peut‑être devons‑nous lire ﺔﻳﻨﻠﺍ
« l’intention ».
[12]
La description que notre auteur donne de ce procédé magique est faite d’une
manière très confuse et paraît renfermer plusieurs termes techniques, propres à
l’art. J’ai tâché de la rendre aussi littéralement que possible.
[13]
Littéral. « qui s’entr’aiment ».
[14]
On sait que les Arabes représentent quelquefois les nombres par des lettres de l’alphabet.
Dans un de leurs systèmes, celui qu’on a suivi ici, la lettre ﺮ vaut 200, ﻚ
vaut 20, ﻒ 80 et ﺪ 4.
[15]
Les parties aliquotes de 220 sont
110, 55, 44, 22, 20, 11, 10, 5, 4, 2 et 1. La somme de ces nombres est 284. Les parties aliquotes de 284 sont : 142, 71, 4, 2 et 1.
Ces nombres additionnés donnent 220.
Thabet Ibn Corra fut le premier qui signala cette propriété de certains
nombres ; Descartes en a parlé et Euler y a consacré un traité spécial
dans son recueil intitulé Opuscula varii argamenti, t. II. M.
Wœpcke a abordé le même sujet dans le Journal asiatique d’octobre‑novembre 1852.
[16]
Vénus a deux maisons, l’une située dans le signe du Taureau, et l’autre dans
celui de la Balance.
[17]
Vénus est dans son exaltation et jouit de toute son influence quand elle est
dans le vingt‑septième degré du Poisson.
[18]
L’ascendant est le premier signe à
partir de l’horizon oriental ; son septième
est le signe qui est alors à l’horizon occidental, son dixième est celui qui est au zénith et
son quatrième celui qui est au nadir.
[19]
Il faut remplacerﺭﺛﻜﺎﺑ par ﺭﺛﻜﻻﺎﺒ . Cette correction est justifiée par la concordance
grammaticale, par les manuscrits C et D, et par l’édition de Boulac.
[20]
Pour ﻝﺎﻗ , lisez ﻪﻠﺎﻗ .
[21]
Le mot hind s’emploie dans le dialecte
arabe marocain pour désigner l’acier. Le mot asbâ signifie doigt. Je ne sais à quelle substance les
alchimistes ont donné le nom de hind asbâ. Il désigne peut‑être l’espèce d’acier indien qui, dans le commerce,
s’appelle wootz.
[22]
Les astrologues partagent chaque signe du zodiaque en trois faces, de dix degrés chacune. Les trente‑six
faces sont assignées, chacune, à une des planètes, ou au soleil, ou à la lune.
[23]
Le mithcal d’or peut valoir de huit à douze francs.
[24]
Je lis ﻪﻛﺴﻣﻣﻠﺍ à la place de ﺔﻛﺴﻣﻣﻠﺍ . Les manuscrits C et D et l’édition de
Boulac donnent la bonne leçon.
[25]
Le mot ﻖﻓﻮ « ouifk », que je rends ici par amulette, désigne
plus particulièrement ces tableaux numériques qui s’appellent carrés magiques. Chacune des sept
planètes avait son ouifk particulier.
Le Chems el‑Maaref d’El‑Bouni fournit
un grand nombre d’indications sur cette matière et sur les procédés de la
magie.
[26]
Le soleil est dans son exaltation quand
il entre dans le dix‑neuvième degré du Bélier. Les équivalents français des
termes astrologiques employés dans ce chapitre m’ont été fournis par l’ouvrage
intitulé l’Usage des Ephémérides par Villon, 2 vol.
petit in‑8°, Paris, 1624.
[27]
Voyez page 179, note 3.
[28]
La leçon ﺔﻴﻀﺎﻴﺭ ne vaut rien ; il faut lire ﺔﻀﺎﻴﺮﻭ avec les manuscrits C
et D, l’édition de Boulac et la traduction turque.
[29]
Je ne relève pas les nombreuses variantes offertes par ce titre dans les
divers manuscrits ; et je me borne à suivre la leçon de l’édition de
Paris, et de la traduction turque. Haddji Khalifa n’a pas indiqué ce traité
dans son dictionnaire bibliographique.
[30]
Pour ﻩﺪﺤﺍﻮ , lisez ﺓﺪﺤﺍﻮ .
[31]
Les mots que je traduis ici se trouvent à la fin de la phrase arabe.
[32]
On voit par ce paragraphe qu’Ibn Khaldoun se comptait lui-même au nombre des
philosophes théologiens.
[33]
Pour ﺪﻴﺤﻮﺗﻟﺍ , lisez ﻪﻠﻠﺍ avec l’édition
de Boulac et les manuscrits C et D.
[34]
Pour ﺎّﻣﻠ , lisez ﺎّﻣِﻠ
[35]
Voy. ci-devant, p. 176, à la dernière ligne.
[36]
Ces mots sont persans et signifient l’étendard de Gavé, forgeron qui délivra
la Perse de la tyrannie de Zohâk. (Voy. les mots Dirfech et Gao dans la Bibliothèque orientale de
d’Herbelot.)
[37]
La leçon ﻰﻨﻳﺋﻣ se trouve dans le manuscrit D, dans l’édition de Boulac et dans
la traduction turque. Je suppose que c’est un adjectif relatif formé de ﻥﻳﺋﻣ ou
de ﻥﻮﺌﻣ pluriel de ﺔﻴﺎﻣ (cent). Cet amulette, ou carré magique (ouifk), se composait probablement des mille premiers nombres. Je dois faire
observer, pour justifier la signification assignée au mot ﻰﻨﻳﺋﻣ , que le carré
magique à base de trois s’appelle, dans le Chems
el‑Maaref, ﻯﺪﺪﻌﻠﺍ ﺙﻠﺛﻤﻠﺍ ﻕﻓﻭﻠﺍ « le
ouifk ternaire numérique », et celui qui est de quatre ﻯﺪﺪﻌﻠﺍ ﻊﺒﺮﻤﻠﺍ ﻕﻓﻭﻠﺍ « le ouifk
quaternaire numérique », etc.
[38]
Voy. la 1e partie, p. 190.
[39]
Je lis ﺖﺎﻤﺴﻟﺗﻠﺎﺒ avec le manuscrit D.
[40]
La bonne leçon est ﻞﻮﺒﺠﻤ .
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